Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Répondre à Gauche 68
Newsletter
Publicité
Répondre à Gauche 68
Derniers commentaires
23 juin 2011

Pour en finir avec la sélection précoce et l'orientation par l'échec

Dans son dernier rapport, l'OCDE met en évidence le caractère de plus en plus inégalitaire de notre système scolaire. Face à ce constat d'échec au regard des politiques menées depuis bientôt dix ans, le Gouvernement fait le choix de recourir à une vieille recette aussi démagogique qu'inefficace.

A travers l'expérimentation de nouvelles évaluations en fin de classe de 5ème en mathématiques et en Français, le Ministre de l'Éducation nationale entend repérer les élèves en difficulté pour mieux leur venir en aide par la suite. Le bon sens apparent de cette logique est contredit par toutes les études sociologiques menées sur le sujet depuis 15 ans. On peut en effet y opposer deux objections majeures quant à la méthode et aux objectifs.

Du point de vue de la méthode, cette évaluation arrive bien trop tardivement dans le parcours de l'élève pour être efficiente. Les travaux de Marie Duru-Bellat notamment ont démontré que pour éviter les « inégalités cumulatives », c'est en amont de la scolarité, dès le début de l'école primaire, que les équipes pédagogiques doivent intervenir.

Quant aux objectifs, ils ne font guère illusion. A travers ces évaluations, le Gouvernement cherche à distinguer le plus tôt possible les « bons » des « mauvais » élèves pour orienter ces derniers dans les filières technologiques et professionnelles. Or on sait pertinemment que cette forme de sélection conduit une majorité d'entre eux dans l'impasse.

L'échec scolaire et les difficultés d'insertion professionnelle ont presque toujours pour point commun, à l'origine, un déficit d'orientation et d'accompagnement des jeunes durant leur parcours. Tout se passe comme si le sort de chacun dépendait non par du choix d'un projet personnel mais de la seule capacité à répondre aux exigences du système scolaire. Dis moi ton niveau, je te dirai ton avenir!

Combien de temps encore laissera-t-on la sélection par l'échec faire office de service d'orientation? Ce processus qui établit une hiérarchie absurde entre filières conduit à stigmatiser les élèves en difficulté, à leur ôter la confiance en eux-mêmes indispensable à toute réussite. Il est inconcevable que la collectivité reste sans réponse face aux drames personnels et professionnels que vivent au quotidien ceux qui échouent.

Le pacte éducatif que propose François Hollande offre une alternative claire aux politiques qui ont échoué, autour de quatre principaux axes d'action:

1: Renforcer les capacités d'intervention, de soutien des équipes éducatives aux élèves en difficulté dès l'école élémentaire pour réduire en amont les causes de l'échec scolaire.

2: Réaliser enfin la promesse républicaine du collège unique en assurant un service d'éducation égal pour tous. Comment notre pays pourrait-il renoncer à l'ambition républicaine consistant à doter tous les Français d'une culture, de savoir-faire, de savoir-être et de capacités identiques? Nous devrons rééquilibrer les moyens budgétaires au bénéfice des établissements les plus en difficulté.

3: Une fois le socle commun atteint, chaque élève qui en fait le choix doit pouvoir accéder au lycée à des filières technologiques et professionnelles de qualité. Elles seront réformées et revalorisées afin de constituer de véritables tremplins vers l'emploi et la réussite.

4: Enfin, pour sortir de cette logique de « tri » social, nous devrons faire en sorte que tout au long de la scolarité, chaque jeune soit suivi par un référent qui vienne en appui, en accompagnement afin de lui apporter l'information nécessaire pour trouver sa voie en lui faisant prendre conscience de ses qualités. C'est ainsi que les jeunes retrouveront l'estime d'eux-mêmes et cette faculté d'imaginer le rôle qu'ils pourront jouer demain dans la société.

Ce n'est pas en multipliant les évaluations ponctuelles que nous parviendrons à réduire l'échec scolaire. Au contraire, c'est en menant une politique éducative cohérente dès les premiers âges de la vie jusqu'à l'insertion professionnelle, à travers l'acquisition d'une culture commune et la mise en place d'un accompagnement personnalisé que nous redonnerons une ambition à notre Ecole et un avenir aux jeunes de ce pays.

Rémi Branco

LOGO

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité