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13 juillet 2011

Le démantèlement de l’Aide Médicale d’Etat : un gage donné à l’extrême droite

Le vote par l'Assemblée Nationale à l'initiative de l'UMP, le 2 novembre, d'une réforme de l'AME est une étape de plus franchie dans la dérive « anti-immigrés » du pouvoir.

Cet amendement adopté dans le cadre de la Loi de finances 2011 est scandaleux à deux égards :
 
- D'une part, en instaurant un timbre fiscal à 30 euros par an pour les affiliés à l'AME, il est évident qu'une partie de ces personnes dont les revenus sont inférieurs à 634 euros par mois retardera ou renoncera à se soigner. Cette réalité prend une dimension sanitaire catastrophique lorsqu'il s'agit de maladies transmissibles: VIH, hépatites, tuberculose, etc...
 
Il s'agit donc d'une instrumentalisation de la santé publique par l'UMP à des fins politiciennes.
 
- D'autre part, ce vote est ubuesque : demander à des malades en situation irrégulière de subir un prélèvement fiscal de 30 euros par an est incohérent. En effet, soit ils sont, au regard du fisc dans l'illégalité et donc inexistants, soit le fisc français accepte leur contribution financière et la question de leur statut se pose.
 
Il serait intéressant d'avoir à ce sujet l'avis du Conseil Constitutionnel.
 
Ainsi, sous couvert de recherche d'équilibre financier, cette attaque contre l'AME traduit de manière certaine une méconnaissance des enjeux de santé publique mais de manière toute aussi certaine, une parfaite connaissance des attentes de la droite extrême. Cela s'appelle : le cynisme.
 
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12 juillet 2011

l'Aide Médicale d'Etat menacée

Le 2 novembre dernier, l'Assemblée Nationale, à l'occasion de la discussion du budget 2011, a voté la création d'un « droit d'entrée » de 30€/an et la limitation du champ d'application de l'Aide Médicale d'Etat (AME), dernier acquis social en date attaqué par le sarkozysme rampant.

Une mesure commandée, officiellement, par des raisons économiques
 
L'AME représente un coût annuel de 550M€ environ pour une dotation de l'Etat de 250M€ environ (le reste à charge revenant à la CNAMTS!). Or l'argument budgétaire ne tient pas une seconde quand on calcule que ce « droit d'entrée » ne rapportera, au maximum, que 6,5M€/an environ ce qui est, très, très loin, de permettre l'équilibre budgétaire de ce dispositif. Et encore, un tel « rendement » bien qu'insuffisant supposerait que l'intégralité des 215 000 bénéficiaires actuels de l'AME contribuent ce qui semble très peu probable.
 
Une mesure à la mise en oeuvre technique complexe
 
En effet, l'AME, mise en place le 1er janvier 2000, offre non seulement une couverture médicale aux étrangers en situation irrégulière mais couvre également les évacuations sanitaires de Mayotte vers la Réunion et les soins des personnes gardées à vues ou en rétention administrative. Ce second volet de l'AME, nettement moins connu représente tout de même 11% des volumes financiers imputés à l'AME. Dès lors, on peut, raisonnablement, se demander si la croissance exponentielle du nombre de garde à vues (au moins 800 000 en 2009 selon les statistiques officielles) n'est pas une des causes de la dérive financière actuelle de l'AME. Et d'ailleurs, comment le gouvernement entend, en pratique, mettre en place ce « droit d'entrée » pour les personnes en garde à vue: en leur demandant, demain, un chèque de 30€ au moment de la signification de leur garde à vue? La même question se pose pour les personnes en situation irrégulière qui, par définition, vivent dans la clandestinité et ne disposent donc pas d'un compte en banque sur lequel pourrait être prélevé ce « doit d'entrée ».
 
Ne pouvant penser qu'il s'agit d'une mesure déguisée visant, en fait, à limiter le nombre de garde en vue en France, le mystère reste entier: pourquoi une telle mesure? Toutes les associations concernées sont unanimes, la suppression de ce dispositif qui répond à un double objectif humanitaire et de santé publique serait catastrophique. Alors pourquoi? Pour renier un peu plus notre histoire sociale qui s'est fondée sur les notions de solidarité et de générosité car l'AME n'est rien de moins que l'héritière de l'aide médicale gratuite (AMG), créée en 1893 pour permettre aux malades les plus pauvres (malades, vieillards et infirmes privés de ressource) de bénéficier d’un accès gratuit aux soins de santé.
 
Non, la vraie et seule raison crédible est, sans nul doute, ce besoin devenu irrépressible pour le pouvoir actuel de stigmatiser toujours plus les étrangers. Par peur de l'autre, encore.
 
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11 juillet 2011

La politique de développement

Nourris par une histoire complexe, la France et ses partenaires traditionnels, méditerranéens et africains, se sont laissés enfermer dans une relation de dépendance, caractérisée par des politiques faussement généreuses et peu transparentes. Elles sont aujourd'hui un échec. De surcroît, le monde a changé, et l'émergence de nouveaux acteurs, dont la Chine, modifie profondément la traditionnelle relation Nord-Sud.

Cette nouvelle donne doit se traduire par un changement radical, tant sur la méthode que sur les moyens engagés. L'incapacité en particulier à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement constitue un échec collectif, auquel nous nous devons de répondre.
 
Je souhaite donc une collaboration nouvelle, portée par la France et l'Europe, capable non seulement remettre en cause le conservatisme de nos relations passées, mais également de marquer la rupture avec le discours faussement décomplexé de la droite, qui n'est porteur que de mépris et d'irrespect.
 
Je propose de refonder notre politique de développement autour de deux objectifs : d'une part, redonner la priorité à une approche partenariale, et d'autre part, garantir la cohérence de nos politiques.
 
Créer de véritables partenariats, cela signifie d'abord traiter d'égal à égal avec nos partenaires du Sud, dans le respect mutuel mais aussi dans l'affirmation assumée de nos priorités. Nous n'avons pas à courir après un modèle chinois pour redevenir des partenaires crédibles en Afrique et sur la rive Sud de la Méditerranée.
 
Mais cela implique également de donner toute leur place aux autres acteurs du développement. Je pense en particulier à la société civile et aux collectivités locales, du Nord comme du Sud, dont l'expérience de la coopération au développement sur le terrain doit être davantage valorisée et placée au cœur de notre réflexion commune.
 
Dans cette démarche, j'accorde également une place centrale au renforcement des partenariats Sud-Sud, seuls à même de créer les conditions de l'émergence de blocs régionaux économiquement viables et politiquement stables, capables construire une paix durable sur le continent.
 
Quant à la cohérence des politiques, elle doit devenir le socle de notre action. Cela signifie d'abord coordination et impulsion au niveau européen, avec un réel effort budgétaire relayé au niveau national. Une ambition suppose des moyens, et la première des cohérences sera de respecter notre engagement de consacrer 0,7% de la richesse nationale à l'aide au développement.
 
Mais la cohérence doit surtout être une cohérence dans l'action. Nous devons redonner priorité à l'investissement dans l'éducation, la recherche, la santé, l'agriculture, l'environnement et le développement des infrastructures, mais nous ne pouvons laisser la politique commerciale ou certains volets de la politique agricole saper tous ces efforts. Les stratégies européennes agressives, orientées vers la conquête de nouveaux marchés, doivent laisser place à de réelles stratégies de développement interne de nos partenaires, pas uniquement grâce à une assistance financière ou technique venue d'ailleurs, mais sur la base d'une stratégie de croissance maîtrisée, créatrice de richesse et redistributrice.
 
En ce sens, le soutien au renforcement de la puissance publique de nos partenaires doit être notre objectif principal. Cela suppose d'aider à la création ou au renforcement des services publics, mais également de développer des politiques industrielles et agricoles permettant de diversifier les économies et d'augmenter les échanges, en s'appuyant sur de nouvelles infrastructures et sur un réel effort pour augmenter le transfert de technologies.
 
C'est notamment par notre capacité à construire cette nouvelle politique de développement, nourrie par les valeurs de respect, de solidarité et de justice, que nous redonnerons à l'Union européenne et à la France un nouveau rôle sur l'échiquier mondial.
 
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10 juillet 2011

La dissuasion nucléaire et la sécurité de la France

La dissuasion nucléaire est un défi moral et politique

En démocratie, deux principes essentiels s'affirment et se répondent :

- la maîtrise de la violence, politique ou militaire, est la condition sine qua non de son usage légitime;

- la victoire ne se conçoit plus à travers la défaite définitive de l'adversaire. Au contraire, c'est le principe de la « non-élimination » qui prévaut pour réguler la rivalité.

En apparence, le consensus sur la dissuasion nucléaire s'affranchit de ce double horizon de contrainte :

- l'ennemi potentiel doit être convaincu que le détenteur de la force nucléaire est prêt à s'en servir. La délivrance d'une frappe s'inscrit dans un champ des possibles qui, pour être circonscrit, existe objectivement. Et, l'hypothèse selon laquelle une forme absolue de violence cesserait d'être contenue est préservée;

- les performances de l'arme appartiennent tout entières à l'idée d'anéantissement. Qu'il s'agisse de l'anéantissement des populations, des infrastructures ou des écosystèmes vitaux. L'existence des entités politiques cibles s'en trouve menacée. L'idée de victoire s'en trouve condamnée.

En France et en Europe, d'importantes forces partisanes appellent à « dés-inventer » la bombe. Elles lient, sur un mode organique, les concepts de « pacifisme », de « non-interventionnisme » et d'« antimilitarisme », protestant que le premier découle, sans alternative possible, des deux suivants. Récemment encore, une voix connue du paysage politique français s'est élevée pour réclamer l' « abolition » du nucléaire militaire - au prix, c'est vrai, d'une démonstration à ce point fantaisiste qu'on doute de son pouvoir d'entrainement.

Mais, si la dissuasion reste un défi moral et politique - en voudrait-on un condensé problématique simple que l'on se demanderait si l'on peut soigner la folie par la folie - pour le Parti Socialiste, pour son candidat, c'est une question de responsabilité. Il est nécessaire d'en rappeler le caractère non-négociable, y compris dans une perspective d'alliance. Le consensus sur la dissuasion est un ciment de l'unité nationale que même l'entrée au gouvernement de ministres communistes n'avait, en son temps, pas remis en cause.

Constats :

L'arme nucléaire n'a pas aboli la rivalité. Mais, elle l'a révolutionnée de l'intérieur.

Aucune arme conventionnelle n'a jamais réussi à empêcher que la rivalité ne dégénère en guerre. Seule la dissuasion a changé la donne. Pour la première fois de l'histoire, un système d'armes a introduit une limitation des effets de la rivalité à l'échelle globale. La menace de la force l'a emporté sur l'emploi de la force.

La bombe met fin à la surenchère. Elle oblige à renouer avec l'idée de limite. C'est elle qui introduit de nouvelles contraintes dans la maîtrise des armements, non l'inverse. La réduction générale des arsenaux et les mécanismes d'arbitrage destinés à prévenir la guerre sont des dividendes de la dissuasion. Ils sont insuffisants pour s'y substituer.

La dissuasion nucléaire est la seule stratégie dont la vérification ne passe pas par l'emploi des armes. Elle est, tout entière, conjecturale. En ce qui concerne la rivalité américano-soviétique, l'arme nucléaire a été utilisée comme il se doit, c'est-à-dire qu'elle ne l'a pas été. Les États-Unis se sont imposés dans la guerre froide sans recourir aux armes de destruction massive. Ce n'est pas un propos incantatoire. C'est une réalité historique. On dira que les conflits « périphériques » ont été meurtriers. On dira que la dissuasion est instable. Et on aura raison. Mais, en rendant le risque infiniment supérieur à l'enjeu, l'arme nucléaire a chassé le spectre de la guerre totale. Elle a fléchi l'objet des appareils de force, dont le but principal n'est plus de gagner des guerres, mais de les prévenir. L'atome est devenu l'élément actif du renoncement aux entreprises militaires.

En France, la notion de stricte suffisance s'oppose exactement à la pratique de la surenchère, qui devient obsolète. La doctrine de la dissuasion du faible au fort est un éloge de la limite. Il n'est nul besoin d'être plus fort que l'autre. Il n'est nul besoin d'être aussi fort que lui. La dissuasion nucléaire est à la fois une affirmation nationale et une limite imposé au nationalisme. Au contraire, la dissuasion conventionnelle du faible au fort : c'est la guerre.

Propositions :

1 - Abolir le « domaine réservé »

Il en va de la dissuasion comme il en va, plus globalement, de la politique internationale et de défense. C'est la responsabilité principale du Chef de l'État, ce n'est pas, pour autant, un domaine réservé. En démocratie, il ne peut y avoir de domaine politique réservé puisque le Peuple est souverain. L'initiative de l'exécutif répond aux exigences des situations de crise. Mais sur ces dossiers, le Parlement doit être, de plein droit, le co-producteur de la politique publique. La question de la guerre et de la paix est, peut-être encore plus que d'autres, l'affaire du Peuple français.

2 – Sanctuariser le principe de la dissuasion

Ni l'emploi, ni l'abandon. La stratégie de dissuasion doit demeurer le cadre rigide de l'arme. Elle est la condition première d'un monde de « basse pression nucléaire ». Qu'on l'abandonne, et la France devra s'inventer une légitimé nouvelle pour siéger comme membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Qu'on l'affaiblisse, et l'atome pourrait bien en déborder. Les tentations existent depuis toujours. Et, depuis toujours, il faut les juguler. Ce sont les théories d'emploi, par exemple les principes de la « dissuasion dans la guerre » ou ceux du « contrôle de l'escalade », qui encouragent la course aux armements. Non la dissuasion.

3 – Veiller à ce que les transferts des technologies nucléaires civiles soient rigoureusement compatibles avec le principe de non-prolifération

Sur ce point précis, les recommandations du rapport Chevènement ( n°332, Commission des Affaires étrangères et de la défense du Sénat), vont dans le bon sens. Des règles claires doivent se substituer au moratoire du G8. Les transferts de technologies liées aux activités sensibles du cycle du combustible doivent être conditionnés à l'adhésion complète de l'État bénéficiaire au régime de non-prolifération. Aucune exportation ne saurait profiter à un État qui n'aurait pas adhéré au protocole additionnel de l'AIEA. Pour contenir et prévenir les crises nucléaires (Corée du Nord, Iran), il est nécessaire de renforcer les moyens de vérification de l'Agence, et indispensable d'encadrer davantage les conditions de retrait du TNP par un État partie.

4 – Continuer de lier ce qui relève du désarmement et ce qui est directement lié à la non-prolifération nucléaire

Si, à l'occasion de la Conférence d'examen du TNP, la France place légitimement le règlement de la crise iranienne au cœur des discussions, il est essentiel de trouver un juste équilibre des préoccupations entre les dossiers de désarmement et de non-prolifération nucléaire.

Le Traité d'Interdiction Complète des Essais nucléaires (TICE), que le Sénat américain refuse de ratifier, est crucial. Et, la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matière fissile pour les armes nucléaires se pose en horizon indépassable. Il en va de même du projet de « banque du combustible », conditionnant l'approvisionnement au respect des normes de non-prolifération.

5 – Articuler l'indépendance nationale par la dissuasion, la solidarité européenne et l'alliance transatlantique

Une France forte dans une Europe forte. Le débat doit, dès à présent, déborder le cadre du « domaine réservé » et celui du cercle des experts. L'équilibre - la légitimité - de notre système d'alliance dépend du renforcement du pilier européen de la défense. Ce n'est pas parce que les pays de l'Europe bénéficient de la garantie de sécurité des États-Unis que la dissuasion française n'a pas vocation à s'inscrire dans un cadre plus global. Le processus d'établissement du Nouveau Concept Stratégique de l'OTAN (NSC) concerne, précisément, les équilibres internes de l'ensemble euro-atlantique. On ne peut, dans le même temps, prêcher l'autonomie stratégique et, dans les faits, laisser aux États-Unis le soin de garantir, in fine, la sécurité du continent.

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9 juillet 2011

L'Europe de la défense : la faiblesse ou l'exigence

Parler de défense européenne reste une gageure tant cette idée, pourtant défendue depuis de nombreuses années, semble aujourd'hui étrangère aux préoccupations des européens.

Or, on l'oublie trop souvent, les zones majeures de tension – mises à part quelques exceptions asiatiques et latino-américaines - se situent au pourtour de notre continent. Ainsi, l’Iran, en proie à ses velléités nucléaires et dont le Président Mahmoud Ahmadinejad s'est récemment rendu au Liban, est là pour nous rappeler l’acuité de la menace qui pèse sur nous.

La difficile reprise des négociations au Proche-Orient entre Israéliens et Palestiniens et la guerre qui s’enlise en Afghanistan sont autant de points de conflits irrésolus sur lesquels l’Europe en tant que puissance n'exerce aucune influence tangible.

Alors, que fait-elle donc ? Ou pour être plus précis que font les Gouvernements européens pour renforcer le rôle de l'Union sur la scène internationale ?

Bien sûr, suite au Traité de Lisbonne, il y a la mise en place du service d’action extérieure qui va trouver sa concrétisation dans le prochain budget européen en préparation pour 2011. Mais, cet embryon de diplomatie européenne connaît les pires difficultés à se mettre en route, alors qu’à Deauville Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Dmitri Medvedef intègrent, au sein de l'Otan, le débat sur le bouclier anti-missiles proposé par les américains.

Quant à l’entrée de la France dans le commandement intégré de l'Alliance atlantique, elle n’a débouché sur aucune contrepartie en terme d’avancée vers l’Europe de la défense.

Reste l’accord franco-britannique pour la défense qui permet des progrès significatifs sur le plan industriel et en matière de mise en commun des moyens militaires. On pourrait s’en réjouir si seulement cette démarche débordait du cadre bilatéral et d'une logique strictement intergouvernementale. En l'état, elle ne comporte aucune dimension européenne réelle.

Le pire dans ce moment particulier est de voir que, sur la question cruciale de l’Afghanistan, où plusieurs pays européens sont présents avec des troupes sur le théâtre des opérations, aucune stratégie commune n'est même recherchée. Chaque capitale met en œuvre sa propre politique et évoque, « last but not least », des calendriers de retrait de ses forces en dehors de toute négociation européenne.

Il me semble donc indispensable de reprendre tout cela à la base et de considérer en particulier que le théâtre d’opération afghan doit être un moyen de relancer un processus de coopération à l’échelle européenne.

Pour les pays européens présents en Afghanistan, il est urgent de redéfinir collectivement un processus de retrait concerté. Resté « en rade », leur projet de défense s'en trouverait relancé et dynamisé. En ce qui me concerne, je suis persuadé qu'il en va de notre capacité à faire entendre notre voix et de notre aptitude à peser sur une politique toute entière définie par les Etats-Unis.

Européen convaincu, il m'apparaît clairement qu’il n’y aura pas d’Europe politique sans une Europe de la Défense, et qu'il n'y aura pas, non plus, d'Europe de la défense sans une Europe diplomatique. C'est un immense chantier. Et tandis que le monde recèle sa part de dangers, il nous incombe de disposer de tous les moyens nous permettant de concourir à son équilibre.

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8 juillet 2011

Le Fonds de Réserve pour les Retraites, le grand oublié des réformes des retraites

Alors que s’ouvre le débat sur la réforme des retraites dans le cadre du Rendez-vous 2010, rares sont les responsables politiques ou syndicaux qui mettent en avant le véritable levier que constitue le Fonds de réserve pour les retraites.

Créé en 1999 par le gouvernement de Lionel Jospin, ce fonds doit permettre d’accumuler et de placer des réserves financières tant que le contexte démographique est favorable, puis de les utiliser pour financer une partie du régime lorsque les déficits se creusent sous l’effet du vieillissement.

Perçu à tort comme un moyen de se dispenser de réformer les retraites lors de sa mise en place, il contribuera pourtant dès 2020 à la couverture d’une part significative des besoins de financement du régime général.

Depuis 2002, il est hélas faiblement abondé par les différents gouvernements de droite et il n’a pas été pris en compte lors des réformes de 2003 et 2008. Il présente pourtant plusieurs avantages :

- dans un contexte de perte de confiance des Français, en particulier des jeunes, dans la viabilité du système de retraite, l’abondement au FRR représente un message positif pour les générations futures qui voient ainsi le système par répartition renforcé.

- L’existence de ce fonds ne saurait nous dispenser de réformer le système actuel mais permet de faire jouer de manière plus progressive les leviers habituels (taux de cotisation, allongement de la durée de travail…etc).

- le FRR joue un rôle de stabilisateur sur les marchés puisqu’il n’obéit pas à des exigences de rendement à court terme. Dégagé de toute contrainte de liquidité, il n’a pas à modifier en permanence sa stratégie au gré des fluctuations instantanées du marché pour réaliser de bénéfices immédiats et évite ainsi tout comportement « moutonnier ».

- A l’inverse, il prend en compte dans sa stratégie la création de richesse à long terme (souvent sous-valorisées par les marchés).

- Enfin, en termes de finances publiques, ce fonds permet de préparer l’avenir en ne dilapidant pas les avantages liés à un contexte démographique encore favorable.

Bien que ce fonds soit relativement protégé des aléas des marchés financiers en raison de ses objectifs de long terme, l’Etat doit néanmoins contrôler étroitement la nature de ses placements.

Si la gauche doit s’opposer catégoriquement au développement de dispositifs individuels de retraite par capitalisation qui fragilisent voire hypothèquent l’avenir de notre système de protection sociale, elle doit permettre au système par répartition de bénéficier d’une dose de capitalisation collective pour renforcer son financement.

Développer le Fonds de réserve pour les retraites serait donc un investissement d’avenir pour l’Etat et permettrait de redonner confiance aux jeunes générations quant à la pérennité de notre système de retraite.

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7 juillet 2011

La pénibilité au travail et ses conséquences sur l’espérance de vie

Les ouvriers vivent moins longtemps et avec plus de difficulté dans leur vie courante : à 35 ans, on sait qu’un ouvrier vivra 6 ans de moins qu’un cadre. Si l’on prend l’espérance de vie en bonne santé, sans incapacité (c’est-à-dire sans problèmes de vue ou de mobilité par exemple), l’écart est de 10 ans.

Un consensus intersyndical a permis de cibler 3 facteurs de pénibilité qui diminuent l’espérance de vie: les travaux physiques, le rythme de travail, l’environnement agressif (bruit, produits toxiques…)

La pénibilité en chiffres :

. 35% des 50-59 ans déclarent avoir été exposés à la pénibilité pendant 15 ans au moins.

. Un ouvrier non qualifié sur deux cumule 4 facteurs de pénibilité.

. 3,3M de Français travaillent de nuit.

Exemples concrets :

- Un maçon sera confronté à plusieurs facteurs de pénibilité dans son travail : port de charges lourdes, postures fatigantes, travail en extérieur…

- Une infirmière ou un policier qui travaille de nuit augmente le risque de trouble du sommeil, d’anxiété, de dépression, de troubles cardio-vasculaires…

- L’ouvrier qui fait les 3 huit, la caissière qui manipule des tonnes de produits par jour ou le téléconseiller qui n’a pas le temps de souffler entre 2 appels sera exposé à des troubles musculo-squelettiques (ça touche 1 Français sur 10) ou des accidents cardio-vasculaires.

Que faire ? Pour une réponse adaptée à chaque étape de la carrière

La méthode de l’examen médical individualisé que propose le gouvernement n’est pas adaptée à la réalité de la pénibilité dont les conséquences n’apparaissent souvent qu’à long terme (développement de cancers, accidents cardio-vasculaires, diminution de la mobilité).

En amont, renforcer les mécanismes de prévention :

Droit au reclassement dans l’entreprise/la branche, formation qualifiante, mesures en matière de droit du travail (limiter la durée d’exposition, temps de récupération supplémentaire). Le financement de l’Etat doit être complété par un système de bonus/malus pour les entreprises.

Lorsque la prévention n’a pas fonctionné, une compensation doit être accordée.

Au préalable, il faut créer un carnet de suivi du parcours professionnel permettant de retracer les expositions à la pénibilité en se fondant sur les 3 facteurs de pénibilité reconnus unanimement par les syndicats. Dès lors, la réponse doit être graduée :

- Un dispositif de transition de fin de carrière pourrait être proposé aux salariés moins fortement exposés à travers un temps partiel.

- Un droit à la retraite anticipée proportionnel à l’exposition aux facteurs de pénibilité qui pourrait regrouper, outre les victimes de la pénibilité, les carrières longues. Très coûteux, il doit être cofinancé par l’Etat et les entreprises. Il constitue une juste réparation au dommage causé à la santé du salarié.

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6 juillet 2011

le Gouvernement est hors-sujet, il doit revoir sa copie

Une fois de plus, et comme on pouvait hélas s’y attendre, le Gouvernement a préféré le faux-semblant à la réforme, l’effet d’annonce à l’annonce suivie d’effets.

Il s’agit pourtant ici d’une question grave qui touche aux principes d’égalité devant le droit à la retraite et devant la santé au travail. Est-il encore besoin de rappeler la double peine qui frappe aujourd’hui des milliers de travailleurs en France, victimes à la fois d’une moindre espérance de vie et d’une espérance de vie en bonne santé plus courte que la moyenne des salariés? Les chiffres sont connus de tous, il s’agit désormais d’y apporter des réponses.
 
Celle du Gouvernement passe totalement à côté de l’enjeu ici posé. L’espoir nous était pourtant permis quand, au mois de mai dernier, le Ministre du travail déclarait : « Nous nous appuierons sur la définition des partenaires sociaux qui ont privilégié l’approche par les facteurs d’exposition qui est la seule possible ». Quelques semaines après seulement, il se reniait et optait pour une approche individuelle. En quoi consiste-t-elle ? A confondre pénibilité et invalidité en évaluant au cas par cas l’état de santé d’un salarié au regard des critères d’invalidité.
 
L’option ainsi choisie va à l’encontre de tous les rapports et études effectués depuis dix ans, en particulier par les services-même du Ministère du Travail qui ont établi que plus de deux tiers des cancers professionnels ne se révèlent qu’après 60 ans. Or, par la force des choses, l’examen individuel effectué au cours de la carrière d’un salarié est incapable d’en tenir compte! Aussi la réforme choisie par le Gouvernement ne concernera au mieux que 1,5% des salariés et le report de l’âge légal à 62 ans ne ferait qu’accroître la pénibilité quotidienne du travail des oubliés – majoritaires – de ce dispositif. On l’aura compris, la vision du Gouvernement se réduit une fois de plus à une approche comptable qui interdit toute dépense, fût-elle dédiée à la santé des travailleurs.
 
Alors quelle alternative proposer ? Deux principes fondamentaux du socialisme doivent comme toujours nous guider : l’égalité et le progrès.
 
L’égalité, cela consiste à compenser le préjudice subi par les salariés en termes d’espérance de vie du fait de la pénibilité de leur travail par un droit anticipé à la retraite. La durée de cotisation devra donc être réduite pour ces salariés afin que chacun d’entre eux puisse profiter de sa retraite en bonne santé. Mais disons la vérité là aussi, cette solution sera coûteuse et nous devrons dire comment la financer.
 
Le progrès, c’est de faire en sorte qu’à terme, la pénibilité au travail disparaisse car au-delà de la mise en place d’un dispositif de retraite anticipée indispensable à court terme, c’est bien là l’objectif vers lequel il faut tendre. Pour cela, des mécanismes de prévention doivent être créés ou renforcés : droit au reclassement dans l’entreprise (ou la branche), formation qualifiante, mesures en matière de droit du travail(limiter la durée d’exposition, temps de récupération supplémentaire)…etc. Les pistes sont nombreuses et leur financement passe par non seulement par l’Etat mais aussi par les entreprises à travers un système de bonus/malus.
 
La droite dira que cette réforme est coûteuse, la gauche lui répondra que la santé des travailleurs est à ce prix.
 
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5 juillet 2011

Les primaires , mode d'emploi

5 juillet 2011

Les femmes, premières victimes de la réforme des retraites

Le gouvernement a annoncé les mesures qu’il compte adopter dans le cadre du projet de réforme des retraites. Sitôt dévoilées, elles ont à juste titre suscité les critiques les plus vives de l’opposition qui reproche au gouvernement de faire reposer l’essentiel de l’effort demandé aux Français sur les plus modestes, les plus faibles d’entre eux. Parmi eux, des femmes, le plus souvent. Déjà injustement pénalisées dans le système actuel, elles seront les plus fragilisées par la réforme du gouvernement.

Quelle est la situation des femmes aujourd’hui au regard de la retraite ? En France, la protection sociale en général et le système de retraite en particulier sont intimement liés à la carrière des salariés, et donc à leur situation au regard de l’emploi. Il n’est donc pas surprenant hélas de constater que, discriminées en termes d’accès et de qualité de l’emploi, les femmes le soient aussi en matière de retraite.

Quelques chiffres suffisent à démontrer l’ampleur de cette inégalité. Si l’on écarte les éléments non contributifs du système, la pension moyenne d’une femme représente environ 58% de celle d’un homme (825€ contre 1426€), et 57% des bénéficiaires du minimum vieillesse sont des femmes. On observe en outre qu’elles partent à la retraite en moyenne deux ans plus tard que les hommes. Pour les retraitées vivant seules, la situation est alarmante.

Les causes de ces inégalités sont hélas bien connues : interruptions de carrière pour s’occuper des enfants faute de modes de garde en nombre suffisant, inégalités de salaire de 20% par rapport aux hommes, chômage, précarité de l’emploi, temps partiel (c’est le cas de 30% des femmes pour 5% des hommes)…etc.

Devant de telles injustices, nous étions en droit d’attendre de la part du gouvernement des mesures fortes en matière de solidarité et de justice envers les femmes. A ce jour, une seule mesure a été annoncée : la prise en compte dans le salaire de référence de l’indemnité journalière perçue pendant le congé maternité. Une « mesurette » au regard des enjeux posés.

Mais le plus grave est ailleurs. Si le report de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans est injuste pour de nombreux travailleurs, on oublie trop souvent son corolaire: le report de l’âge légal de départ à taux plein à 67 ans. Là où le maintien du plancher des 60 ans est essentiel pour permettre aux salariés ayant cotisé 40 ans de pouvoir toucher leur retraite, celui des 65 ans est indispensable pour ceux qui, à l’inverse, ne sont pas parvenus à atteindre le nombre suffisant d’annuités pour bénéficier d’une retraite à taux plein. La justice sociale passe tout autant par le respect des carrières longues que par la solidarité envers les carrières courtes

Parmi ces travailleurs pour qui l’âge de 65 ans représente la seule chance de bénéficier d’une retraite à taux plein, on retrouve en grande partie des femmes. On sait que seules 40% d’entre elles parviennent à faire valoir une –modeste- retraite à taux plein contre 85% des hommes. Or, près d’une femme sur trois attend 65 ans pour en bénéficier.

Les socialistes doivent dénoncer de toutes forces ce recul inacceptable qui constituera in fine une source supplémentaire d’appauvrissement pour les femmes.

Une autre politique est possible, des solutions existent. Elles exigent des réformes en amont pour réduire les inégalités tout au long de la carrière professionnelle mais également des mesures en matière de retraite comme l’augmentation du minimum vieillesse, l’adaptation du calcul du montant des pensions à la durée de la carrière, l’extension du principe de réversion à d’autres types de conjugalité que le mariage et évidemment le maintien de l’âge légal de départ à la retraite à taux plein à 65 ans.

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