L’école est-elle en crise ...

L’école est-elle en crise parce que le modèle républicain est en crise ?

Libéraux et communautaristes sont des alliés objectifs qui voudraient effectivement rompre ce lien historique entre l’école et la république.

C’est pourquoi il me paraît important d’évoquer la « sécularisation de l’école ». Au sein de la République laïque il ne saurait y avoir « d’institution sacrée ». Mais il n’y a pas non plus de République sans expression de l’intérêt général. Et les services publics sont, selon notre Constitution et jusqu’à nouvel ordre, l’expression de l’intérêt général.

L’éducation nationale est-elle pour autant un service public comme les autres ? Je ne le crois pas. Et là encore le projet républicain est singulier. Pour qu’il y ait République, il faut des citoyens conscients de leurs droits et de leurs devoirs. L’école participe de cette mission : former des citoyens conscients, libres et émancipés. Chaque fois que l’on oublie cet objectif et que l’on restreint le champ des ambitions de l’école, on accentue la crise de la citoyenneté que nous connaissons aujourd’hui. L’école n’est pas un vivier pour entrepreneurs en mal de main d’œuvre pas plus qu’un lieu de prosélytisme!

N’utilisons-nous pas un mot pour un autre ? Est-ce la société qui est en crise ou le modèle républicain qui est contesté, soumis à la pression de l’idéologie de marché, selon laquelle l’expression des libertés individuelles doit primer en toutes choses.

Politiquement, nous devons proposer des solutions de sortie, ouvrir des horizons. C’est évidemment le devoir de la gauche. La réforme pour la réforme n’a pas de sens. Le préalable aujourd’hui à toute politique en manière éducative est de redonner de la confiance dans l’institution scolaire. Avec pour boussole le projet de Jaurès qui lie indissociablement la question sociale et la question éducative.

Eric Ferrand